À la Salmagne, près de Maubeuge, l’arrivée d’une Gigafactory divise

Dans la commune de Vieux-Reng, au nord de Maubeuge, le projet s’embourbe face à une opposition déterminée. Elle pointe du doigt un terrain mal répertorié, aux ressources en eau insuffisantes.

Une gigafactory à Vieux-Reng, c’est non. L’Association de défense et de développement des activités de la Salmagne (Addas) est vent debout contre l’arrivée d’une usine de 120 hectares, dédiée à la fabrication de batteries électriques, à l’endroit même d’un aérodrome.

Lors de ses vœux, le 24 janvier 2025, le président de l’Agglomération Maubeuge-Val-de-Sambre Bernard Baudoux réitère son propos de 2023. « On parle d’une gigafactory, mais il n’y a pas que ça. On veut faire du développement en respectant l’environnement ».

Mais un épais brouillard entoure la Salmagne. Installé à son bureau, des cartes de navigation au mur, Christian Boulenger est implacable : « L’aérodrome ne sera pas rasé. » Dans la Sambre-Avesnois, située dans le sud du département du Nord, la lutte contre le chômage est une priorité. Ses industries, autrefois florissantes, se sont transformées en friches que les agglomérations peinent à remplacer. 

Les gigafactories sont donc les bienvenues et la volonté du gouvernement de faire du Nord une «nouvelle vallée de la batterie électrique » séduit. « Il est illusoire de croire que ces entreprises s’installent ici pour la main-d’œuvre, c’est surtout pour les ressources qu’elles s’implantent », commente Benoît Tomsen, président de Natur’Hainaut et opposant au projet.  Son argument principal : des quantités d’eau insuffisantes. « Le volume d’eau capté dans la nappe située sous la Salmagne, rien que pour la population de l’agglomération, est de 1,2 million de mètres cubes d’eau à l’année. Tandis que la gigafactory va en puiser 1,6 million », explique-t-il. Le projet est flou. L’a toujours été. « On n’a jamais entendu le nom d’une entreprise», relève Christian Boulenger. Par ailleurs en avril 2024, Bernard Baudoux avait annoncé l’annulation du projet à La Voix du Nord. Presque un an plus tard, ce nouveau changement de programme ajoute à la confusion. 

L'aérodrome de Maubeuge-Elesmes, dit de la Salmagne, en activité depuis 1935. ©Claire Fieux

Un dossier inflammable

Ces gigafactories très hydrovores se placent à contre-courant d’un rapport de la Chambre de commerce et d’industrie. Il affirmait que « le futur économique de la région dépend de la bonne gestion de la ressource en eau » et demandait aux entreprises de baisser de 10 % leur consommation d’ici 2030.

De tels projets sont d’autant plus graves qu’il n’y a pas d’eau. Il y a un trop fort décalage entre le besoin de la population et les intérêts économiques et financiers
Daniel Trollé, membre local du syndicat agricole Confédération paysanne

« De tels projets sont d’autant plus graves qu’il n’y a pas d’eau. Il y a un trop fort décalage entre le besoin de la population et les intérêts économiques et financiers », explique Daniel Trollé, membre local du syndicat agricole Confédération paysanne.

À Marpent, commune du Nord, le maire Jean-Marie Allain a déposé un recours contre le projet au tribunal administratif. « La nappe sera encore plus polluée avec le béton. Le site est en zone agricole, donc soumis à des règles d’urbanisme intercommunal », précise l’édile qui l’a signalé à la sous-préfecture. Le projet d’une gigafactory à Vieux-Reng est sensible, d’autant plus à l’approche des élections municipales. Mais si le projet de la Salmagne peine à se concrétiser, d’autres apparaissent non loin de là, comme à Jenlain et à Onnaing. Ces communes sont en lice depuis 2023 pour accueillir une nouvelle gigafactory coréenne. Au détriment de l’eau.

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