« Gardiennes de l’eau » : 29 communes protègent la nappe phréatique de la métropole de Lille

En 2019, 29 communes ont été désignées par la métropole européenne de Lille (MEL) comme les « Gardiennes de l’eau ». Ce titre, qui vise à protéger la nappe phréatique de la région, vient cependant avec son lot de contradictions.

Les communes « Gardiennes de l’eau » approvisionnent près de la moitié de la métropole européenne de Lille (MEL). Ce rôle, elles le doivent à leur présence dans des zones essentielles à la préservation de la nappe phréatique. Elles s’engagent ainsi à respecter la charte des Gardiennes de l’eau, qui réorganise la gestion de leur territoire. En instaurant ce statut, la volonté de la MEL, est de « protéger durablement les ressources en eau du sud de la métropole » qui, jusqu’à présent, étaient uniquement préservées par des périmètres de protection des captages – des dispositifs de prélèvements d’eau – depuis 2004. 

Des objectifs parfois incompatibles

L’ambition de préserver ces nappes s’accompagne de contraintes. La charte des Gardiennes de l’eau prévoit par exemple « l’exclusion de nouvelles zones d’extension urbaine ». Une mesure efficace pour la préservation des sols, mais qui peut être un frein au développement des communes. « Comment concevoir une zone de stationnement au Blanc‑Riez maintenant ? » s’interroge Jean-Marie Descamps, adjoint au maire de Wattignies (divers droite), dans La Voix du Nord en octobre 2022. 

Depuis l’adoption du PLU3 (plan local d’urbanisme 3) en juin 2024, les Gardiennes de l’eau doivent « réserver une zone non constructible » fixée à 50 % pour Wattignies. « Dès qu’on dépassera ce pourcentage, des projets seront rejetés […]. C’est une règle gênante, peu adaptée au renouvellement urbain », ajoute l’élu.

La ville de Wattignies n’est pas la seule à subir la réglementation. Fin avril 2023, la loi SRU a imposé aux collectivités le passage à 25 % de logements sociaux. Une mesure qui a valu à six Gardiennes de l’eau d’être pénalisées par des amendes un mois plus tard. Pourtant, la construction de ces logements est parfois impossible, comme l’explique Pierre-Henri Desmettre, maire de Templemars (sans étiquette)  : « La commune a  zéro mètre carré de constructible dû au plan d’urbanisme local prévu pour les Gardiennes de l’eau. La seule possibilité que nous ayons est de raser des maisons pour construire des immeubles. » Une contradiction qui a valu la demande du retrait de cette obligation par plusieurs maires des communes concernées.

Une initiative importante

Pierre-Henri Desmettre reste optimiste : « Ce titre est pénalisant, mais j’ai décidé d’en faire une force pour faire attention à notre environnement et remettre en question nos pratiques ». Catherine Lefebvre, à la tête de la municipalité de Beaucamps-Ligny (sans étiquette), fait face à quelques contraintes. S’il est difficile de trouver un équilibre entre des conditions de travail favorables aux agriculteurs et agricultrices et la réglementation imposée par la MEL, c’est pour elle « l’occasion de prendre conscience qu’il y a une rigueur écologique à adopter ».  

 

Ce titre est pénalisant, mais j’ai décidé d'en faire une force. 
Pierre-Henri Desmettre, maire de Templemars

Alors qu’en janvier 2019, la nappe au sud de la métropole se stabilisait à un niveau modérément bas, en janvier 2025, elle est maintenant stabilisée à un niveau modérément haut. Marcel Vanwormhoudt, président de lassociation Emmerin Nature, précise : « La recharge de la nappe s’améliore, même si nous restons vigilants.  […]  Les mesures mises en place commencent à porter leurs fruits. » Pour lui, « sanctuariser » la nappe phréatique en créant le statut des Gardiennes de l’eau « est une démarche judicieuse et importante qu’il fallait faire, […] c’est d’utilité publique d’offrir de l’eau de qualité à tout le monde ».

Si ces municipalités remplissent leur mission en préservant cette ressource vitale, beaucoup espèrent désormais le soutien de la MEL pour mieux concilier développement et protection durable.

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